Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/128

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fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse », « Aime ton prochain comme toi-même », et qu’il a gravé dans le cœur de chacun en traits ineffaçables : l’amour du prochain, la pitié pour lui, l’horreur du meurtre et de l’oppression de ses frères.

Si les hommes croyaient en Dieu, ils ne pourraient méconnaître ce premier devoir envers lui : ne pas tourmenter son prochain, ne pas le tuer. Et alors les paroles : « À Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César » auraient pour lui une signification claire et précise. « Au roi ou à n’importe qui, tout ce qu’on voudra, dirait l’homme croyant, mais pas ce qui est contraire à la volonté de Dieu. À César il faut mon argent, le voici ; ma maison, mon travail, prends-les ; ma femme, mes enfants, ma vie, prends, tout cela n’est pas à Dieu mais à César. Il faut que je lève et abaisse le bâton sur mon prochain, c’est affaire à Dieu, c’est un acte de ma vie dont je dois compte à Dieu, et Dieu ne m’a pas ordonné d’agir ainsi et je ne puis donner cela à César. Je ne puis lier, enfermer, châtier, tuer un homme, tout cela c’est ma vie, elle appartient à Dieu, et je ne puis la donner, la sacrifier à personne, sauf à Dieu. »

Les paroles : « À Dieu ce qui est à Dieu, » signifient pour nous qu’il faut donner à Dieu, des cierges, des messes, des paroles, et, en général, tout ce qui n’est nécessaire à personne et encore