Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/237

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t’imagines-tu que tu aurais accompli tout ce que Dieu demande ? que tu aurais fait à tes semblables tout ce qui est nécessaire pour établir son royaume sur terre ? Tu dis que tu aurais fait deux fois, dix fois, cent fois plus que les autres. Oui. Si tu avais fait un nombre incalculable de fois autant que toute l’humanité ensemble, qu’est-ce que cela aurait fait dans l’œuvre de Dieu ? Rien. L’œuvre de Dieu, comme Dieu lui-même, n’a ni limites ni fin. L’œuvre de Dieu est en toi. Viens à lui et sois non pas un ouvrier mais un fils, et bientôt tu seras un associé de Dieu qui est infini, un participant à son œuvre. Avec Dieu il n’y a ni petit ni grand dans la vie, il n’y a que le droit et le non droit. Entre sur la voie droite et tu seras avec Dieu, et ton travail ne sera ni petit ni grand, il sera le travail de Dieu. Rappelle-toi qu’il y a plus de joie au ciel à cause d’un méchant qui se repent que pour cent justes. L’œuvre du monde et tout ce que tu as négligé de faire t’ont démontré ton péché, et tu t’en es repenti. Alors tu as trouvé le droit chemin. Maintenant que tu es sur la bonne voie, marche en avant, avec Dieu, et ne pense point au passé, ni au petit ni au grand. Tous les hommes sont égaux devant Dieu. Il n’y a qu’un Dieu et qu’une vie.

Jules redevint calme et se mit à vivre et à travailler tant qu’il put pour le bien-être de ses frères. Il vécut ainsi, heureux, pendant vingt ans et ne s’aperçut pas de la mort de son être corporel.