Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/30

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de la société à laquelle appartenait Ivan Ilitch. Parmi les plaisirs qu’il s’était créés pour se reposer de son travail de juge d’instruction, le plus grand était la camaraderie enjouée qui se forma entre lui et Prascovie Fédorovna.

Du temps qu’il était fonctionnaire en mission extraordinaire, Ivan Ilitch était un danseur enragé ; juge d’instruction, il ne dansa guère et seulement pour montrer qu’il y excellait, tout magistrat de cinquième classe qu’il fût. Parfois, il dansait vers la fin de la soirée avec Prascovie Fédorovna, et c’est précisément ainsi qu’il fit sa conquête. Elle devint amoureuse de lui, Ivan Ilitch n’avait jamais pensé sérieusement au mariage ; mais lorsqu’il vit que la jeune fille l’aimait, il se dit : « Pourquoi ne me marierais-je pas ? »

Prascovie Fédorovna était de bonne famille, noble, et son physique était agréable ; en outre elle possédait une petite fortune. Ivan Ilitch pouvait trouver un parti plus brillant, mais celui-là était fort acceptable. Il avait ses appointements, et il espérait que sa femme lui apporterait des rentes équivalentes.

Elle était bien apparentée, charmante, jolie, et tout à fait comme il faut. Il serait tout aussi inexact de dire qu’il se maria par amour et qu’il avait trouvé en sa fiancée des goûts absolument conformes aux siens, que d’avancer qu’il l’avait épousée uniquement parce que dans son monde ce