Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XXV

Le conducteur entra et, ayant remarqué que la bougie de notre lanterne était presque consumée, il l’éteignit sans en mettre une nouvelle. Le jour commençait à poindre. Poznidchev se tut, soupirant profondément tout le temps que le conducteur resta dans le wagon. Il ne reprit son récit que quand le conducteur fut sorti, et que, dans le wagon demeuré obscur, s’entendit le bruit régulier du train en marche et le ronflement rythmique du commis. Dans la pénombre du jour naissant je ne voyais pas du tout Poznidchev ; je n’entendais que sa voix de plus en plus émue et douloureuse.

— Il me fallait faire trente-cinq verstes en voiture et huit heures en chemin de fer. En voiture le voyage fut très agréable. Il faisait un froid d’automne avec un soleil brillant ; vous savez, quand les roues marquent sur la boue durcie.