Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/409

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mariage que s’il voyait et savait que toutes les vies des enfants existants sont garanties.


On peut ne pas accepter la doctrine du Christ, cette doctrine qui imprègne toute notre vie et sur laquelle est basée toute notre moralité, mais, si on l’accepte, on doit reconnaître qu’elle implique l’idéal de la chasteté absolue.

Dans les Évangiles, il est dit clairement et sans possibilité d’interprétation contradictoire : 1o que l’époux ne doit pas divorcer pour prendre une autre femme mais vivre avec celle à qui il est uni (Matthieu, v-31-32, xix-8) ; 2o qu’en général pour un homme marié ou non, c’est un péché de regarder la femme comme un objet de plaisir (Matthieu, v-28-29) ; 3o qu’il est mieux de ne pas se marier, c’est-à-dire d’être tout à fait chaste (Matthieu, xix-10-12).


Pour beaucoup de personnes, ces pensées paraîtront étranges et même contradictoires.

Elles le sont en effet, mais pas entre elles. Ces idées contredisent toute notre vie et, involontairement, le doute nous vient sur la question de savoir qui a raison. Sont-ce les idées qui importent ou la vie de millions de gens, la mienne entre autres ?

C’est ce sentiment que j’ai éprouvé moi-même à un degré intense quand je suis venu à la conviction que j’exprime maintenant. Je ne m’attendais nullement à ce que le cours de mes idées m’amenât