Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/187

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elle, et lui avait demandé si ce n’était pas lui qui avait tué le marchand, il se dit :

— Dieu seul connaît la vérité ; c’est Lui qu’il faut implorer. Attendons sa miséricorde.

Et depuis ce moment, Aksénov cessa d’envoyer des suppliques, ferma son âme à l’espoir, et ne fit plus que prier Dieu.

Le jugement condamna Aksénov au knout et, ensuite, aux travaux forcés. C’est ce qui fut fait.

On le battit du knout et, quand les blessures se furent cicatrisées, on l’envoya avec d’autres forçats en Sibérie.

En Sibérie, aux travaux forcés, Aksénov resta vingt-six ans. Ses cheveux devinrent blancs comme de la neige, et sa longue barbe grise tomba droit. Toute sa gaîté disparut. Il se voûtait, commençait à se traîner, parlait peu, ne riait jamais et priait souvent Dieu.

En prison, Aksénov apprit à faire des bottes.