Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/129

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vit s’approcher de son frère, le prendre par le bras et lui parler avec animation ; il était clair que ce qui l’occupait n’avait aucun rapport avec lui, Wronsky, et il en fut contrarié.

— Eh bien, maman, vous allez tout à fait bien ? demanda-t-il à sa mère en se tournant vers elle.

— Très bien, Alexandre a été charmant, Waria a beaucoup embelli : elle a un air intéressant. — Et elle parla de ce qui lui tenait au cœur : du baptême de son petit-fils, but de son voyage à Pétersbourg, et de la bienveillance de l’empereur pour son fils aîné.

— Voilà Laurent, dit Wronsky en apercevant le vieux domestique. Partons, il n’y a plus beaucoup de monde. »

Il offrit le bras à sa mère, tandis que le domestique, la femme de chambre et un porteur se chargeaient des bagages. Comme ils quittaient le wagon, ils virent courir plusieurs hommes, suivis du chef de gare, vers l’arrière du train. Un accident était survenu, tout le monde courait du même côté. « Qu’y a-t-il ? où ? il est tombé ? écrasé ? » disait-on. Stépane Arcadiévitch et sa sœur étaient aussi revenus et, tout émus, se tenaient près du wagon pour éviter la foule.

Les dames rentrèrent dans la voiture, pendant que Wronsky et Stépane Arcadiévitch s’enquéraient de ce qui s’était passé.

Un homme d’équipe ivre, ou la tête trop enve-