Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/372

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

retourna vers lui un moment d’un air interrogateur, avec un léger froncement de sourcils.

« Tout m’est égal », semblait-elle dire ; et elle ne quitta plus sa lorgnette.

La course fut malheureuse : sur dix-sept cavaliers, il en tomba plus de la moitié. Vers la fin, l’émotion devint d’autant plus vive que l’empereur témoigna son mécontentement.


CHAPITRE XXIX


Au reste, l’impression était unanimement pénible et l’on se répétait la phrase de l’un des spectateurs : « Après cela il ne reste plus que les arènes avec des lions ». La terreur causée par la chute de Wronsky fut générale, et le cri d’horreur poussé par Anna n’étonna personne. Malheureusement sa physionomie exprima ensuite des sentiments plus vifs que ne le permettait le décorum ; éperdue, troublée comme un oiseau pris au piège, elle voulait se lever, se sauver, et se tournait vers Betsy, en répétant :

« Partons, partons ! »

Mais Betsy n’écoutait pas. Penchée vers un militaire qui s’était approché du pavillon, elle lui parlait avec animation.

Alexis Alexandrovitch vint vers sa femme et lui offrit poliment le bras.

« Partons, si vous le désirez, lui dit-il en fran-