Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/498

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tal, si peu féminin ! « D’ailleurs que puis-je lui écrire ? » Elle rougit encore de honte et se rappela le calme qu’il savait conserver, et le sentiment de mécontentement que lui causa ce souvenir lui fit déchirer son papier en mille morceaux. « Mieux vaut se taire », pensa-t-elle en fermant son buvard ; et elle monta annoncer à la gouvernante et aux domestiques qu’elle partait le soir même pour Moscou. Il fallait hâter les préparatifs de voyage.


CHAPITRE XVI


L’agitation du départ régnait dans la maison. Deux malles, un sac de nuit et un paquet de plaids étaient prêts dans l’antichambre, la voiture et deux isvostchiks attendaient devant le perron. Anna avait un peu oublié son tourment dans sa hâte de partir, et, debout devant la table de son petit salon, rangeait elle-même son sac de voyage, lorsque Annouchka attira son attention sur un bruit de voiture qui approchait de la maison. Anna regarda par la fenêtre et vit le courrier d’Alexis Alexandrovitch sonnant à la porte d’entrée.

« Va voir ce que c’est », dit-elle ; et, croisant ses bras sur ses genoux, elle s’assit résignée dans un fauteuil.

Un domestique apporta un grand paquet dont l’adresse était de la main d’Alexis Alexandrovitch.