Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/511

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nuance dorée charmante. Cette coiffure élevée donnait à sa tête à peu près la même hauteur qu’à son buste très bombé ; sa robe, fortement serrée par derrière, dessinait les formes de ses genoux et de ses jambes à chaque mouvement, et, en regardant le balancement de son énorme pouff, on se demandait involontairement où pouvait bien se terminer ce petit corps élégant, si découvert du haut et si serré du bas.

Betsy se hâta de la présenter à Anna.

« Imaginez-vous que nous avons failli écraser deux soldats, commença-t-elle aussitôt en clignant des yeux avec un sourire, et en rejetant la queue de sa robe en arrière. J’étais avec Waska. Ah ! j’oubliais que vous ne le connaissez pas ». Et elle désigna le jeune homme par son nom de famille, en rougissant et en riant de l’avoir nommé Waska devant des étrangers. Celui-ci salua une seconde fois, mais ne dit pas un mot, et se tournant vers Sapho :

« Le pari est perdu, dit-il : nous sommes arrivés premiers ; il ne vous reste qu’à payer. »

Sapho rit encore plus fort.

« Pas maintenant cependant.

— C’est égal, vous payerez plus tard.

— C’est bon, c’est bon. Ah ! mon Dieu ! s’écria-t-elle tout à coup en se tournant vers la maîtresse de la maison, j’oubliais de vous dire, étourdie que je suis !… Je vous amène un hôte. Et le voilà. »

Le jeune hôte annoncé par Sapho, qu’on n’attendait pas, et qu’elle avait oublié, se trouva être d’une