CHAPITRE XXI
Betsy n’avait pas encore quitté la salle à manger, que Stépane Arcadiévitch parut sur le pas de la porte. Il venait de chez Eliséef, où l’on avait reçu des huîtres fraîches.
« Princesse ! vous ici ! Quelle charmante rencontre ! Je viens de chez vous.
— La rencontre ne sera pas longue ; je pars, répondit en souriant Betsy, tandis qu’elle boutonnait ses gants.
— Un moment, princesse, permettez-moi de baiser votre main avant que vous vous gantiez. Rien ne me plaît autant, en fait de retour aux anciennes modes, que l’usage de baiser la main aux dames. »
Il prit la main de Betsy.
« Quand nous reverrons-nous ?
— Vous n’en êtes pas digne, répondit Betsy en riant.
— Oh que si ! car je deviens un homme sérieux : non seulement j’arrange mes propres affaires, mais encore celles des autres, dit-il avec importance.
— Vraiment ? j’en suis charmée », répondit Betsy comprenant qu’il s’agissait d’Anna.
Et, rentrant dans la salle à manger, elle entraîna Oblonsky, dans un coin.
« Vous verrez qu’il la fera mourir, murmura-t-elle d’un ton convaincu ; impossible d’y tenir…
— Je suis bien aise que vous pensiez ainsi, répondit Stépane Arcadiévitch en hochant la tête avec