juge de paix à Moscou, un compagnon de chasse à l’ours, et enfin Serge Ivanitch.
Le dîner fut très animé. Serge Ivanitch était de belle humeur, et l’originalité de Katavasof l’amusa beaucoup ; celui-ci, se voyant goûté, fit des frais, et Tchirikof soutint gaiement la conversation.
« Ainsi, voilà notre ami Constantin Dmitrich, disait Katavasof avec son parler lent de professeur habitué à s’écouter, quel garçon de moyens, jadis ! je parle de lui au passé, car il n’existe plus. Il aimait la science en quittant l’Université, il prenait intérêt à l’humanité ; maintenant il emploie une moitié de ses facultés à se faire illusion, et l’autre à donner à ses chimères une apparence de raison.
— Jamais je n’ai rencontré d’ennemi du mariage plus convaincu que vous, dit Serge Ivanitch.
— Non pas, je suis simplement partisan de la division du travail. Ceux qui ne sont propres à rien sont bons pour propager l’espèce. Les autres doivent contribuer au développement intellectuel, au bonheur de leurs semblables. Voilà mon opinion. Je sais qu’il y a une foule de gens disposés à confondre ces deux branches de travail ; mais je ne suis pas du nombre.
— Que je serais donc heureux d’apprendre que vous êtes amoureux ! s’écria Levine. Je vous en prie, invitez-moi à votre noce.
— Mais je suis déjà amoureux.
— Oui, des mollusques. Tu sais, dit Levine se tournant vers son frère, Michel Seminitch écrit un ouvrage sur la nutrition et…