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de magasin à Paris ; il vint un jour chez un médecin, s’endormit dans le salon de consultation, et pendant son sommeil donna les conseils les plus surprenants aux assistants. La femme de Youri Milidinsky l’appela auprès de son mari malade ; selon moi il ne lui a fait aucun bien, car Milidinsky reste tout aussi malade que devant, mais sa femme et lui sont toqués de Landau, l’ont promené partout à leur suite, et l’ont amené en Russie. Naturellement on s’est jeté sur lui ici ; il traite tout le monde, il a guéri la princesse Bessoubof, qui, par reconnaissance, l’a adopté.

— Comment cela ?

— Je dis bien adopté ; il ne s’appelle plus Landau, mais prince Bessoubof. Lydie, que j’aime du reste beaucoup malgré sa tête à l’envers, n’a pas manqué de se coiffer de Landau, et rien de ce qu’elle et Karénine entreprennent ne se décide sans l’avoir consulté ; le sort de votre sœur est donc entre les mains de Landau, comte Bessoubof. »


CHAPITRE XXI


Après un excellent dîner chez Bortniansky, suivi de quelques verres de cognac, Stépane Arcadiévitch se rendit chez la comtesse Lydie un peu plus tard que l’heure indiquée.

« Y a-t-il du monde chez la comtesse ? demanda-t-il au suisse en remarquant auprès du paletot bien connu de Karénine un bizarre manteau à agrafes.