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sympathie ressenti par toutes les classes de la société pour l’héroïne des Serbes et des Monténégrins. Cette manifestation de l’opinion publique le frappa.

« Le sentiment national, disait-il, pouvait enfin se produire au grand jour », et plus il étudiait ce mouvement dans son ensemble, plus il lui découvrait des proportions grandioses, destinées à marquer dans l’histoire de la Russie. Son livre et ses déceptions furent oubliés ! et il se consacra si complètement à l’œuvre commune, qu’il atteignait la moitié de l’été sans avoir pu se dégager assez complètement de ses nouvelles occupations pour aller à la campagne. Il résolut, coûte que coûte, de s’accorder une quinzaine de jours pour se plonger dans la vie des champs, afin d’assister aux premiers signes de ce réveil national, auquel la capitale et toutes les grandes villes de l’empire croyaient fermement.

Katavasof profita de l’occasion pour tenir la promesse qu’il avait faite à Levine de venir chez lui, et les deux amis se mirent en route le même jour.


CHAPITRE II


Les abords de la gare de Koursk étaient encombrés de voitures amenant des volontaires et ceux qui leur faisaient escorte ; des dames portant des bouquets attendaient les héros du jour pour les saluer, et la foule les suivait jusque dans l’intérieur de la gare.