Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/111

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toujours l’ancien despotisme grossier qui guide la vie, et les nouvelles conceptions de la vie non seulement ne sont pas réalisées, mais même les anciennes, celles que la conscience humaine a dénoncées depuis longtemps, par exemple, l’esclavage, l’exploitation des uns au profit de l’oisiveté et du luxe des autres, les supplices, les guerres, s’affirment de jour en jour d’une façon plus cruelle. La cause, c’est qu’il n’existe pas une définition du bien et du mal acceptée par tous les hommes de sorte que, quelle que soit la forme de la vie mise en pratique, elle doit être soutenue par la violence.

L’homme aurait beau inventer la forme supérieure de la vie sociale, garantissant, soi-disant, la liberté et l’égalité, il ne pourrait s’affranchir de la violence, puisque lui-même est un violateur.

C’est pourquoi, si grand que soit le despotisme des gouvernants, si terribles que soient les maux auxquels ce despotisme soumet les hommes, l’homme qui tient à la vie sociale se soumettra toujours à lui. Cet homme, ou appliquera son esprit à justifier la violence existante et à trouver bien ce qui est mal, ou il se consolera en pensant que bientôt il trouvera le moyen de renverser le gouvernement et d’en établir un autre, très bon, qui transformera tout ce qui, maintenant, est mauvais. Et, en attendant