Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/173

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Si vous ne me croyez pas, croyez à mes actes. Ni moi ni personne ne sommes appelés à juger les autres et le passé. Je crois que seuls les actes sont nécessaires, qu’ils m’instruisent moi et le peuple, et que ce sont les docteurs et les discussions qui le dépravent et le privent de la foi. En effet, il est indéniable qu’aucune discussion théologique n’est nécessaire à personne, n’est l’objet de la foi. Maintenant, nous en sommes arrivés à ce point que l’objet de la foi consiste à se demander si le pape est infaillible ou non, si Marie a été mère comme toutes les femmes, etc.

Mais où est la vraie Église des vrais croyants ? Comment savoir qui est dans le vrai, qui n’y est pas ? demandent ceux qui n’ont pas compris la doctrine de Jésus… Où est l’Église, c’est-à-dire ses limites ? Si tu es en l’Église, tu ne peux voir ses limites, et si tu es croyant, tu diras : « Je ne pense qu’à me sauver moi-même et ne peux juger les autres. » Pour celui qui a compris la doctrine de Jésus, elle consiste en ceci : « À moi, il m’est permis d’aller à la lumière ; ma vie m’est donnée à moi, et il n’y a rien de supérieur à elle, sauf la source de toute vie : Dieu. »

Toute la doctrine de l’humilité, du renoncement à la richesse, de l’amour du prochain, n’a que ce sens : que je puis faire en sorte que