Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

récits, n’iraient nulle part pour se reposer, et, dans la crainte d’être dévalisés, n’accepteraient pas l’hospitalité offerte ; et les malheureux marcheraient sans cesse tant que leurs jambes pourraient les porter. La même chose arrive avec notre jeunesse.

De sorte que le mal causé par les trompeurs et hypnotiseurs religieux ne se borne pas à ceux qu’ils trompent, mais atteint ceux qui refusent d’entendre ce qui seul est nécessaire aux hommes et d’y penser.


§


Ces derniers temps je me suis occupé de la composition — non pas d’un agenda — d’une lecture quotidienne composée des meilleures pensées de nos meilleurs écrivains. En lisant non seulement Marc-Aurèle, Epictète, Xénophon, Socrate, les sages brahmanes et chinois, Sénèque, Plutarque, Cicéron, mais des écrivains plus récents : Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Lessing, Kant, Lichtenberger, Schopenhauer, Emerson, Channing, Parker, Ruskin, Amiel et les autres (voici deux mois que je ne lis ni journaux, ni revues), je me suis étonné de plus en plus et effrayé non de l’ignorance, mais de cette sauvagerie « civilisée » où notre société est plongée. L’instruction, la culture