Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/244

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est donnée pour jouir de l’héritage spirituel laissé par les anciens, pour se l’assimiler, tandis que nous, nous lisons les journaux, Zola, Mæterlinck, Ibsen, etc. Comme je voudrais remédier un peu à ce terrible malheur, pire que la guerre, car cette sauvagerie civilisée, par conséquent contente de soi, est la plus terrible ; d’elle croissent toutes les horreurs et de ce nombre, la guerre.


§


Que les hommes vivent mal, irréligieusement, sans conscience, moins de la mort que de leur passage sur la terre ! Il ne faut pas penser à la mort, il faut vivre en la regardant en face.

Toute la vie devient alors solennelle, importante, vraiment utile et joyeuse. En vue de la mort, impossible de ne pas travailler avec zèle, car, à chaque instant, elle peut interrompre notre travail et aussi parce que, en vue de la mort, on ne peut pas faire ce qui n’est pas nécessaire pour toute la vie, c’est-à-dire pour Dieu. Et quand on travaille ainsi, la vie devient joyeuse, il n’y a plus cette crainte de la mort qui empoisonne la vie des hommes. La peur de la mort est inversement proportionnelle à la bonne vie. Avec la vie sainte cette peur se réduit à zéro.

Et ce rapport entre la vie et la mort peut être influencé par l’éducation. Mais nous ne