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des esclaves, non la cruauté des propriétaires, non l’égalité civile des hommes, mais la loi éternelle et chrétienne de la non-résistance au mal par la violence. Garrison comprit ce que ne comprenaient par les champions anti-esclavagistes les plus avancés : que l’unique prétexte, indirect, contre l’esclavage, c’était la négation du droit de liberté de certains hommes, dans n’importe quelle condition. Les abolitionnistes tâchaient de prouver que l’esclavage est illégal, désavantageux, cruel, qu’il déprave les hommes, etc. Mais les partisans de l’esclavage, à leur tour, prouvaient l’inopportunité, les dangers et les conséquences néfastes qui pouvaient résulter de l’émancipation.

Ni les uns ni les autres ne purent se convaincre mutuellement. Garrison comprenait que l’esclavage des nègres n’était qu’une des particularités de la violence générale ; il proclame ce principe général, qu’on ne pouvait désavouer : aucun homme, sous aucun prétexte, n’a le droit de dominer, c’est-à-dire d’employer la violence contre ses semblables.

Garrison n’a pas seulement insisté sur le droit qu’ont les esclaves d’être libres, il a surtout nié le droit de n’importe quel individu ou de la société de forcer un homme, par la violence, à faire quoi que ce soit. Pour lutter con-