Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la liberté des uns, non seulement ne donnent pas la liberté aux autres, mais, de la façon la plus brutale, privent la majorité du droit de disposer de son travail et même de sa personne.

De sorte que la définition de la liberté comme droit de faire tout ce qui n’entrave pas la liberté d’autrui, tout ce qui n’est pas défendu par la loi, évidemment ne correspond pas à la conception qu’on attache au mot liberté. Il n’en peut être autrement, parce qu’une telle définition attribue à la conception de la liberté la qualité de quelque chose de positif, tandis que la liberté est une conception négative. La liberté, c’est l’absence d’entraves. L’homme est libre seulement quand personne ne lui défend, sous la menace de la violence, l’accomplissement de certains actes.

C’est pourquoi dans la société où les droits des gens sont définis de telle ou autre façon et où l’on exige et défend, sous peine de punition, certains actes, dans telle société les hommes ne peuvent être libres. Ils peuvent être vraiment libres seulement quand tous sont également convaincus de l’inutilité, de l’illégitimité de la violence et obéissent aux règles établies non en vue de la violence ou de la menace, mais par la conviction raisonnables.

« Mais, m’objecte-t-on, il n’y a pas de société