Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/50

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faisants. Ce qui fait qu’on s’y trompe encore, c’est qu’une partie seulement de ces conséquences nuisibles est immédiatement apparente : les autres, qui sont souvent de beaucoup les plus graves, sont indirectes, et ont donc échappé pendant longtemps à l’intelligence humaine…

Si nous concédons aux défenseurs de la guerre ce simple petit mot « encore », nous les autorisons à dire que la discussion entre eux et nous est une simple affaire d’opportunité, d’appréciation personnelle ; car cette discussion : se réduit alors à ceci, que nous croyons la guerre « devenue inutile », alors qu’ils la jugent « encore utile ». Dans ces conditions ils nous accorderont volontiers qu’elle pourra devenir inutile, ou même nuisible… demain, le temps d’infliger aux peuples quelques formidables saignées pour satisfaire leurs ambitions personnelles. Car telle a été de tout temps, et telle est encore l’unique fonction de la guerre : procurer à un nombre d’hommes le pouvoir, les honneurs, les richesses, aux dépens de la masse, dont ces hommes exploitent la crédulité naturelle, exploitent les préjugés créés et entretenus par eux-mêmes. (Capitaine Gaston Moch. L’Ère sans violence. Revision du traité de Francfort, p. 318, 320.)


Les hommes de notre monde chrétien et de notre temps sont semblables à un homme qui a perdu la bonne route : plus il avance, plus il se convainc qu’il ne marche pas où il faut ; et plus il doute de la sûreté de la voie, plus rapidement et follement il y court, se consolant par la pensée qu’il arrivera quelque part. Mais, à un certain moment, il lui devient