Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/52

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détruisant les uns les autres par les guerres, comme des araignées dans un pot de verre, nous ne pouvons arriver à autre chose qu’à la destruction mutuelle.

Un homme franc, sérieux, raisonnable, ne peut plus se consoler à la pensée que les choses peuvent se réparer, comme on le pensait autrefois, par la monarchie universelle de Rome, de Charlemagne, de Napoléon, par le pouvoir spirituel des papes, au moyen âge, ou par la Sainte-Alliance, ou par l’équilibre politique du concert européen, ou par les tribunaux d’arbitrage international, ou, comme le pensent quelques-uns, par l’augmentation des forces militaires et les engins destructeurs nouvellement inventés.

Il est impossible d’établir la monarchie universelle ou une République avec les États européens, parce que les divers peuples ne voudront jamais s’unir en un seul État. Instituer un tribunal international pour résoudre les différends internationaux ! Mais qui forcera à se soumettre à la décision de ce tribunal un plaignant qui a sous les armes des millions de Soldats ? Le désarmement ? Personne ne veut ni ne peut le commencer. Inventer des moyens de destruction encore plus terribles : des ballons avec des bombes, des gaz asphyxiants, des obus que les hommes lanceront sur les autres ?