Page:Tolstoï - L’École de Yasnaïa Poliana, 1888.djvu/225

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L’enfant, ou l’homme, qui vient à l’école (je ne fais aucune différence entre un homme de dix ans et un de trente ou soixante-dix) a pris de la vie et apporte avec soi des vues particulières sur les choses. Pour qu’un homme, n’importe son âge, étudie, il lui faut aimer l’étude. Pour aimer l’étude, il lui faut reconnaître la fausseté, l’insuffisance de ses vues sur les choses, et pressentir, par l’intuition, cet horizon nouveau que l’étude va lui découvrir. Pas un homme, pas un enfant, n’aurait la force d’étudier, s’il n’entrevoyait à ses études d’autre but que l’art d’écrire, de lire ou de compter ; pas un maître ne pourrait enseigner, s’il n’avait à dévoiler un horizon plus haut que celui des élèves. Pour que l’élève puisse s’abandonner tout entier à l’instituteur, il faut soulever un coin de ce voile qui lui dérobe tout l’enchantement de ce monde de la pensée, de la connaissance et de la poésie, dans lequel doit l’introduire l’étude.