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Léon Tolstoi

évangiles. Dans les langues de tous les peuples nouveaux, le mot ecclesias signifie lieu de prières.

Malgré l’existence de quinze cents ans de tromperie de l’Église, ce mot n’a pénétré dans aucune langue en d’autre sens. Selon les significations que donnent à ce mot les pontifes auxquels est nécessaire la tromperie de l’Église, il résulte que ce mot n’est rien d’autre que la préface qui déclare : Tout ce que je dirai maintenant, c’est la vérité, et si tu ne crois pas, je te brûlerai, ou te maudirai ou t’insulterai de toutes les manières. Cette conception est un sophisme nécessaire pour certain but dialectique et elle reste le bien de ceux à qui elle est nécessaire. Dans le peuple, et non seulement dans le peuple mais dans la société, dans les milieux instruits, bien qu’on l’apprenne dans le catéchisme, cette conception n’existe nulle part. Quelque honteux qu’il soit de discuter sérieusement cette définition, il faut le faire puisque tant de gens la donnent sérieusement pour quelque chose d’important. Cette définition est tout à fait mensongère. Quand on dit que l’Église est la réunion des vrais croyants, à proprement parler, on ne dit rien, parce que si je disais que la chapelle est la réunion de tous les vrais musiciens, je n’aurais rien dit tant que je

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