Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/54

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elle s’en va de nouveau. En ce moment, elle était chez elle : elle est rentrée hier et elle avait assez de croûtes jusqu’à demain.

Elle était dans une situation semblable, sinon pire, la dernière et l’avant-dernière année. Il y a deux ans, sa maison a brûlé ; sa fille aînée étant plus jeune, elle n’avait personne à qui confier ses enfants. La seule différence est que, les autres années, on donnait davantage et que le pain était sans arroche. Elle n’est pas la seule qui soit dans ce cas.

Telle est la situation de toutes les familles depuis deux ans, des faibles, des ivrognes, des familles de prisonniers, souvent celles des soldats. Cette situation se supporte plus facilement dans les années abondantes. Mais toujours, même dans ces années,