Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/73

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vérifier les renseignements donnés par le bailli. Tout était vrai. Le nombre des paysans qui ne possèdent pas de chevaux était même plus grand que ne l’a dit le bailli. Ces gens racontaient leur misère, sinon avec plaisir, du moins avec une ironie constante par rapport à quelqu’un ou à quelque chose.

— Pourquoi donc êtes-vous si pauvres, plus pauvres que les autres ? demandai-je.

La réponse était si connue que plusieurs voix me la donnèrent en même temps.

— Que faire ? L’année dernière, la moitié du village a brûlé comme si on l’avait enlevée avec la langue. Et puis la mauvaise récolte… L’année dernière, c’était dur et, à présent, il n’y a plus rien du tout. Et quelle récolte peut-il y avoir lorsqu’il n’y a pas de