Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/192

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quée. Pendant que nous marchons, le sentiment et la raison se dégagent, prêts à entreprendre une nouvelle activité, ce qui serait impossible sans la faculté de subir la suggestion. Ce phénomène se répète dans tous nos actes et dans les plus importants de tous, ceux qui ont trait a l’activité religieuse.

Le sentiment suscite le besoin d’établir nos rapports avec Dieu ; la raison définit ces rapports, et la suggestion nous oblige à l’activité qui en découle. Seulement, ce processus naturel n’a lieu qu’autant que la religion n’a pas encore subi la déformation. Aussitôt que celle-ci se produit, la suggestion croît, tandis que l’influence du sentiment et de la raison diminue de plus en plus.

Quant aux moyens de suggestion, ils sont partout et toujours les mêmes. Tout d’abord, on choisit le moment où l’homme est le plus sensible à la suggestion : pendant son enfance, pendant les instants décisifs de sa vie, — le mariage, la procréation, la mort ; — puis on agit sur lui à l’aide de l’art : l’architecture, la sculpture, la peinture, la musique, le spectacle. Lorsqu’il se trouve dans cet état