Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/222

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embrasser sa mère ! Que pensera sa pauvre petite âme ? Et, que lui importe à elle ! Elle aime !…

Et je voyais repasser toutes ces images.

Je souffrais à ce point que, finalement, je ne savais plus que faire. Une idée me vint qui me plut : me jeter sous les roues du train et en finir une bonne fois. Une seule chose arrêta l’exécution de mon plan, ce fut la pitié que l’éprouvai pour moi-même, pitié qui fit naître une haine acharnée contre elle et contre lui, contre elle surtout. Je n’avais envers lui qu’un sentiment étrange de mon humiliation et de sa victoire ; mais, elle, je la haïssais.

Non ! je ne la laisserai pas, par ma disparition, libre d’elle-même. Il faut qu’elle souffre, qu’elle se rende compte des souffrances que j’ai endurées.

À une gare, comme je vis qu’on buvait au