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LE FAUX COUPON


PREMIÈRE PARTIE


I

FÉDOR MIKHAÏLOVITCH SMOKOVNIKOFF, président de la Chambre des Domaines, était un homme d’une honorabilité au-dessus de tout soupçon – et il en était fier –, libéral très austère ; et non seulement il était libre penseur, mais il haïssait toute manifestation religieuse, ne voyant dans la religion que des vestiges de superstition.

Fédor Mikhaïlovitch Smokovnikoff était rentré de son bureau de fort méchante humeur : le gouverneur de la province lui avait envoyé un papier très stupide qui, dans un certain sens, pouvait vouloir dire que lui, Fédor Mikhaïlovitch, avait agi malhonnêtement.

Très agacé, immédiatement il s’était mis à écrire une réponse très énergique et très venimeuse.

À la maison, il paraissait à Fédor Mikhaïlovitch que tout allait de travers. Il était cinq heures moins cinq ; il pensait qu’on allait servir tout de suite le dîner, mais le dîner n’était pas prêt. Faisant claquer les portes derrière lui, il s’en