Page:Tolstoï - Le Patriotisme et le gouvernement.djvu/24

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impossible aux gouvernements des autres puissances de renoncer au vu et au su de leurs peuples, aux délibérations comiques et évidemment menteuses ; et les délégués se sont assemblés, sachant d’avance que cela ne peut aboutir à rien, et pendant quelques mois, durant lesquels ils recevaient de bons appointements, ils feignaient tous consciencieusement d’être très préoccupés à établir la paix entre les peuples, tout en riant sous cape de temps à autre.

La Conférence de La Haye, suivie par une terrible effusion de sang, la guerre du Transvaal, que personne n’a essayé et n’essaie d’arrêter, la Conférence de La Haye fut tout de même utile, quoique tout autrement qu’on ne s’y attendait ; elle fut utile en ce qu’elle a montré de la manière la plus évidente que le mal dont souffrent les peuples ne peut être réparé par les gouvernements et que les gouvernements, lors même qu’ils le voudraient, ne peuvent abolir ni les armements, ni les guerres. Les gouvernements, pour pouvoir exister, sont obligés de défendre leurs peuples des attaques des autres peuples ; mais aucun peuple ne veut attaquer et n’attaque les autres, et les gouvernements, par conséquent, non seulement ne veulent pas la paix, mais ils excitent soigneusement la haine envers eux dans les autres peuples. Après avoir excité cette haine chez les autres peuples et le patriotisme dans le leur, les gouvernements assurent à leurs peuples qu’ils sont en danger et qu’il faut se défendre.

Donc, ayant entre les mains le pouvoir, les gouver-