Page:Tolstoï - Le Patriotisme et le gouvernement.djvu/26

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Non seulement les gouvernements militaires, mais les gouvernements en général ne pourraient être, sinon utiles, mais non nuisibles, que dans le cas où ils auraient été composés d’hommes infaillibles et saints, comme, en effet, on le suppose chez les Chinois. Mais les gouvernements, à cause de leur activité même, qui consiste à commettre des violences, se composent toujours des éléments les plus contraires à la sainteté, des hommes les plus insolents, les plus grossiers et les plus dépravés.

Par conséquent, chaque gouvernement, et d’autant plus un gouvernement auquel est livré le pouvoir militaire, est une institution terrible et la plus dangereuse au monde.

Le gouvernement, dans le sens le plus large, y compris les capitalistes et la presse, n’est rien autre qu’une organisation par laquelle la majorité des hommes est dans le pouvoir d’une minorité placée au-dessus d’eux ; cette minorité se soumet au pouvoir d’un groupe d’hommes encore plus petit, et celui-ci est soumis à un groupe moindre encore, etc., etc., aboutissant enfin, entre les mains de quelques hommes ou d’un seul homme qui, au moyen de la force militaire, possède le pouvoir sur tout le reste. De sorte, que toute cette organisation est semblable à un cône dont toutes les parties sont au pouvoir absolu de ces personnes ou de cette personne qui se trouvent sur le faîte.

Et le faîte de ce cône est conquis par ces hommes ou cet homme, qui sont plus rusés, plus insolents et plus