Page:Tolstoï - Le Patriotisme et le gouvernement.djvu/37

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mettent maintenant, alors qu’il y a des organisations établies spécialement pour opérer des violences, et qu’il y a des situations où les violences et les meurtres comptent pour un acte bon et utile.

L’abolition des gouvernements ne fera qu’abolir l’organisation de violence traditionnelle et inutile et sa justification.

« Il n’y aura, dit-on ordinairement, ni lois, ni propriété, ni police, ni instruction publique, » confondant à dessein les violences de l’autorité avec les différentes fonctions de la société.

L’abolition de l’organisation des gouvernements, établis pour commettre des violences sur les hommes, n’entraînera après elle en aucune manière l’abolition de ce qu’il y a de bon et de sensé et, par conséquent, de non violent dans les lois, dans la justice, dans la propriété, dans la protection des personnes, dans l’organisation des dépenses collectives et de l’instruction publique. Au contraire, l’absence du pouvoir grossier des gouvernements, qui n’ont pour but que de se soutenir eux-mêmes, coopérera à une organisation sociale plus sensée et plus équitable qui n’aura pas besoin de violence. Et la justice et les affaires publiques, et l’instruction du peuple — tout cela existera dans la mesure qui est nécessaire aux peuples, et sous une forme qui ne contiendra point le mal inhérent à l’organisation gouvernementale actuelle ; il ne sera aboli que ce qui était mauvais, et ce qui empêchait la libre manifestation de la volonté des peuples.