Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/203

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que je nuis à quelqu’un ? Jugez donc ! Les riches vivent comme ils l’entendent, mais un pauvre tiaple comme moi n’a pas le droit de vivre, lui ! Sont-ce là des lois républicaines ? S’il en est ainsi, nous ne voulons pas de République, n’est-ce pas, monsieur, nous ne voulons pas de République ? Mais nous voulons… Nous voulons simplement… Nous voulons…

Il s’embarrassait dans son discours.

— Nous voulons des lois naturelles, dit-il enfin.

J’emplis de nouveau son verre.

— Vous ne buvez pas, lui dis-je.

Il prit le verre et me salua.

— Je sais ce que vous voulez, fit-il, en clignant de l’œil, et en me menaçant malicieusement du doigt. Vous voulez me griser pour voir ce qui m’arrivera. Mais vous n’y réussirez pas.