Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/82

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est vrai qu’elle a élevé des orphelins, nourri et marié Youkhvanka, etc. Mais c’est chose ordinaire chez les moujiks : dès qu’ils ont transmis leurs biens à leurs enfants, ces derniers deviennent les maîtres. La vieille doit gagner son pain dans la mesure de ses forces. Certes, son fils et sa bru n’ont pas de tendresse pour elle, mais c’est ainsi chez les paysans. J’oserais donc vous dire que cette vieille vous a dérangé inutilement. Elle est intelligente et ménagère, mais pourquoi déranger son maître à tout propos ?… Quoi ! Elle s’est peut-être querellée avec sa bru ; peut-être celle-ci l’aura-t-elle poussée un peu. Eh bien, ce sont affaires de babas, cela. Elles se seraient bien réconciliées sans vous. Vous prenez la chose trop à cœur, conclut le gérant sur un ton d’affectueuse condescendance.

Le barine continuait de monter la rue à grands pas et sans dire un mot.