Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/214

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l’opposition par la violence à ce que chaque combattant considère comme un mal. Mais avant le Christ, les hommes ne s’étaient pas aperçus que la résistance par la violence à ce que chacun considère comme un mal, uniquement parce qu’il juge autrement que son adversaire, n’est qu’un des moyens de terminer la lutte et qu’il en existe un autre, celui qui consiste à ne pas s’opposer au mal par la violence.

Avant le Christ, les hommes ne voyaient que le premier moyen et agissaient en conséquence en s’efforçant de se convaincre et de convaincre les autres que ce qu’ils considéraient comme un mal était certainement un mal. Et dans ce but, depuis les temps les plus reculés, les hommes inventaient des définitions du mal qui étaient obligatoires pour tous, et ces définitions ont été imposées tantôt comme des lois reçues par une voie surnaturelle, tantôt comme des ordres d’hommes ou d’assemblées à qui l’on attribuait l’infaillibilité.

Des hommes employaient la violence contre d’autres et ils se persuadaient eux-mêmes et persuadaient les autres qu’ils employaient cette violence contre un mal reconnu tel par tous.

Ce moyen, dont pendant longtemps les hommes n’ont pas vu la supercherie, a été employé dès les temps les plus reculés, particulièrement par ceux qui s’étaient emparés du pouvoir. Mais, avec le progrès, plus les relations se multipliaient, plus il devenait évident que s’opposer par la violence à ce que chacun, de son côté, considère comme un mal, est irraisonnable ; que la lutte n’en est pas diminuée, et qu’aucune définition humaine ne peut pas faire que ce qui est considéré comme mal par les uns soit accepté de même par les autres.

Déjà à l’époque de la naissance du christianisme, à l’endroit où il est apparu pour la première fois, dans