Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et comme mauvais, les vices antichrétiens. Ce sont ceux qui se consacrent avec abnégation au service de l’humanité qui sont considérés comme les meilleurs. Ce sont les égoïstes, ceux qui profitent du malheur des autres, qui sont considérés comme les plus mauvais. Si certains idéals non chrétiens existent encore, tels que la force, le courage, la richesse, ils sont déjà surannés et ne sont plus acceptés par tous, surtout par les meilleurs. Tandis que ceux qui sont universellement reconnus et obligatoires pour tous ne sont autres que les idéals chrétiens.

La situation de notre humanité chrétienne, si on pouvait la regarder du dehors avec la cruauté et toute la servilité des hommes, paraîtrait vraiment terrible. Mais, si on la regardait avec les yeux de la conscience, le spectacle serait tout autre.

Tout le mal de notre vie semble exister seulement parce qu’il existe depuis longtemps et parce que les hommes qui le commettent n’ont pas pu apprendre encore à ne plus le faire, car en réalité ils ne veulent pas le faire.

Tout ce mal semble avoir une cause indépendante de la conscience des hommes.

Si étrange et contradictoire que cela puisse paraître, tous les hommes de notre époque détestent ce même régime qu’ils soutiennent.

Je crois que c’est Max Muller qui raconte la surprise d’un Indien converti au christianisme dont il s’était assimilé l’essence, et, qui venu en Europe, y a vu comment vivaient les chrétiens. Il est resté stupéfait devant la réalité si complètement opposée à ce qu’il croyait trouver chez les peuples chrétiens.

Si nous ne nous étonnons pas de la contradiction qui existe entre nos croyances et les institutions et les