Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/262

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besoin et ce qui m’est inutile, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire. Je n’ai pas besoin de m’isoler des hommes des autres nations, c’est pourquoi je ne puis pas reconnaître appartenir exclusivement à une nation quelconque et je refuse toute sujétion ; je sais que je n’ai pas besoin de toutes les institutions gouvernementales actuelles, c’est pourquoi je ne puis, en privant les hommes qui ont besoin de mon travail, le donner sous forme d’impôt au profit de ces institutions ; je sais que moi je n’ai pas besoin ni d’administration, ni de tribunaux basés sur la violence, c’est pourquoi je ne peux participer ni à l’administration ni à la justice ; je sais que moi je n’ai pas besoin d’attaquer les hommes des autres nations, de les tuer, ni de me défendre contre eux les armes à la main, c’est pourquoi je ne puis participer à la guerre ni m’y préparer. Il est fort possible qu’il se trouve des hommes qui considèrent tout cela comme nécessaire, je ne peux pas y contredire ; je sais seulement, mais d’une façon absolue, que je n’en ai pas besoin. Et je n’en ai pas besoin non pas parce que moi, ma personnalité le veut, mais parce que ne le veut pas Celui qui m’a donné la vie et la loi indiscutable pour me guider dans cette vie.

Quelques arguments qu’on invoque en faveur du pouvoir de l’état, dont la suppression pourrait provoquer des malheurs, les hommes déjà sortis de la forme gouvernementale ne peuvent plus y rentrer, pas plus que les poussins ne peuvent rentrer dans la coquille dont ils sont sortis.

« Mais même dans ce cas, disent les défenseurs de l’ordre de choses actuel, la suppression de la violence gouvernementale ne serait possible et désirable que si tous les hommes devenaient chrétiens ; tant que cela n’est pas, tant qu’il existe des hommes qui se disent