Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/161

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Comment réussirai-je à persuader à un homme de travailler, en lui garantissant pour cela la nourriture et les vêtements, quand cet homme est persuadé qu’il est déjà millionnaire ? Évidemment il ne tiendra aucun compte de mes exhortations. C’est exactement le cas avec la doctrine de Jésus. Pourquoi irais-je travailler pour gagner mon pain, quand je puis être riche sans cela ? Pourquoi me donnerais-je la peine de vivre cette vie selon la volonté de Dieu, quand je suis sûr de ma vie personnelle pour l’éternité ?

Jésus-Christ a sauvé les hommes en tant qu’il est la seconde personne de la Trinité, qu’il est Dieu et qu’il s’est fait homme ; qu’il s’est chargé du péché d’Adam et de ceux de tous les hommes ; qu’il a racheté les péchés de l’humanité devant la première personne de la Trinité et qu’il a institué, pour notre salut, l’Église et les sacrements. En croyant à tout cela, nous sommes sauvés et nous entrons en possession de la vie éternelle et personnelle d’outre-tombe. Mais on ne peut pourtant pas nier qu’il a sauvé et qu’il sauve les hommes en leur démontrant leur perte inévitable, en leur montrant, par ces paroles : « Je suis le chemin, la vie et la vérité », le vrai chemin de la vie, au lieu du faux chemin de la vie personnelle que les hommes suivaient auparavant.

S’il y a des hommes qui doutent de la vie d’outre-tombe et du salut basé sur la rédemption, nul ne peut douter du salut de tous les hommes et de chacun en particulier basé sur l’évidence de l’anéantissement de la vie personnelle et du vrai chemin du salut par l’union de chaque volonté personnelle avec celle du Père. Que chaque homme doué de raison se demande ce qu’est