Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/171

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connaît l’autre. L’une de ces doctrines, — source de toutes les erreurs — consiste à enseigner que la vie personnelle est quelque chose d’essentiel et de réel appartenant à l’homme. C’est la doctrine qu’a suivie et que suit encore la majorité des hommes, celle qui inspire les diverses croyances des hommes du monde ainsi que tous leurs actes. L’autre doctrine est celle qui a été enseignée par tous les prophètes et par Jésus-Christ, savoir : que notre vie personnelle n’acquiert un sens que par l’accomplissement de la volonté de Dieu.

Si un homme confesse une doctrine qui met en relief la vie propre et personnelle, il considérera que son bien personnel est la chose du monde la plus importante et il considérera comme le vrai bien : la richesse, les honneurs, la gloire, la volupté ; il aura une foi correspondante à son inclination et ses actes seront toujours conformes à sa foi.

Si un homme confesse une doctrine différente, s’il fait consister la vie uniquement dans l’accomplissement de la volonté de Dieu, ainsi que le faisait Abraham et ainsi que l’enseignait et le faisait Jésus, sa foi découlera de ses principes et ses actes y seront conformes.

C’est pourquoi ceux qui croient que la vie personnelle est le vrai bien ne peuvent avoir foi dans la doctrine de Jésus. Tous leurs efforts pour en faire leur foi resteront toujours vains. Pour y croire, il faut qu’ils changent leur manière d’envisager la vie. Tant qu’ils ne la changeront pas, leurs actes coïncideront toujours avec leur foi, et non avec leurs intentions et leurs paroles.

Chez ceux qui demandaient à Jésus des miracles comme chez les croyants de nos jours, on peut rencontrer le désir de croire à la doctrine de Jésus-Christ,