Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/226

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ment la doctrine éthique formulée dans l’Évangile de Matthieu, et qui prêchait une théorie métaphysico-cabalistique étrangère à la doctrine de Jésus, et elle a été consommée sous Constantin, quand on trouva possible de proclamer chrétienne toute l’organisation sociale païenne sans aucun changement, en la couvrant du manteau chrétien. Depuis Constantin, païen par excellence (que l’Église admet, pour tous ses forfaits et ses vices, au nombre des saints de la chrétienté), commencent les conciles, et le centre de gravité du christianisme se déplace définitivement et repose sur la partie métaphysique de la doctrine. Et cette doctrine métaphysique avec le cérémonial qui y est attaché, s’éloignant de plus en plus de son vrai sens primitif, arrive à être ce qu’elle est actuellement : une doctrine qui vous explique les mystères de la vie céleste les plus inaccessibles à la raison humaine, vous donne les formules les plus compliquées, mais ne vous donne aucune doctrine religieuse réglant votre vie terrestre.

Toutes les religions, excepté la religion de l’Église chrétienne, demandent à ceux qui les professent, en dehors des cérémonies, de pratiquer certaines bonnes actions et de s’abstenir de mauvaises. Le judaïsme prescrit la circoncision, l’observance du sabbat, les aumônes, l’année jubilaire, etc. Le mahométisme prescrit la circoncision, la prière cinq fois par jour, le décime des pauvres, le pèlerinage à la tombe du Prophète et bien d’autres choses encore. Il en est de même pour toutes les autres religions. Que ces prescriptions soient bonnes ou mauvaises, ce sont des prescriptions qui exigent des actes. Seul, le pseudo-christianisme ne prescrit rien. Il n’y a rien qu’un chrétien doive observer obligatoirement, si on ne compte