Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/95

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blait, au contraire, par sa clarté, sa simplicité et sa pratique facile. À côté de règles dont la profondeur et l’importance m’effrayaient et m’émouvaient, je trouvais tout à coup une règle qui me semblait superflue, frivole, facile et sans conséquence pour moi et pour les autres. Tout naturellement, je ne jurais ni par Jérusalem, ni par Dieu, ni par quoi que ce soit, et cela ne me coûtait pas le moindre effort ; en outre, il me paraissait que, soit que je jure, soit que je ne jure pas, cela ne pouvait avoir d’importance pour personne. Et, désirant trouver l’explication de cette règle qui me troublait par sa facilité, je consultai les commentateurs. Dans ce cas, ceux-ci me furent d’un grand secours.

Tous les commentateurs voient dans ces paroles la confirmation du troisième commandement de Moïse, — de ne pas jurer par le nom de Dieu. Mais, en outre, ils expliquent que cette règle de Jésus de ne pas jurer — n’est pas toujours obligatoire et ne se rapporte nullement au serment que tout citoyen prête à l’autorité compétente. Et l’on rassemble les citations des Écritures, non pas pour appuyer le sens direct du commandement de Jésus, mais pour prouver qu’on peut et qu’on doit ne point l’observer.

On soutient : que Jésus aurait lui-même sanctionné le serment en cour de justice par sa réponse aux paroles du Grand Prêtre : « Je t’adjure par le Dieu vivant » : — « Tu l’as dit » ; que l’Apôtre Paul invoque Dieu en témoignage de la vérité de ses paroles, ce qui évidemment équivaut au serment ; que la loi de Moïse prescrivant le serment n’a pas été abrogée par Jésus ; que Jésus abroge seulement les faux serments, les serments pharisiens, hypocrites.