Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/180

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saient des hurlements de joie. La foule approuvait. « C’est justice ! disait une voix. — C’est une chose de Dieu, c’est bien ! disait un autre. — Qu’est-ce donc que l’argent ? faisait un troisième ; avec de l’argent, on ne peut pas acheter un homme, un travailleur ! — Quelle joie pour eux ! disait-on encore. Il n’y avait qu’un seul cri : « c’est un homme juste ! » Seuls, les moujiks désignés comme recrues gardaient le silence ; ils sortirent sans bruit de l’isba.

Deux heures après, les deux charrettes de Doutlov quittaient le faubourg de la ville.

Dans la première, attelée d’une jument maigre, au ventre rentré, au cou en sueur, se trouvait le vieux avec Ignat. À l’arrière ballottaient des paquets, une petite casserole, des pains et des kalatchi[1].

  1. Espèce de pains beurrés.