Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/189

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— Pourquoi vous arrêtez-vous ? Marchez donc, mangeurs d’hommes ! criait-il. Tu ne m’échapperas pas, mille diables !…

La voix lui manqua, et il tomba de tout son haut sur le sol, comme fauché.

Bientôt les Doutlov furent dans les champs. Ils se retournèrent : les recrues avaient disparu. Après avoir fait cinq verstes au pas, Ignat descendit de la charrette de son père, où le vieillard venait de s’endormir, et marcha à côté de celle d’Iliouchka. Ils vidèrent ensemble un flacon de vodka acheté à la ville. Un peu plus loin, Ilia se mit à chanter, et les babas l’accompagnèrent. Ignat, de la voix, battait allègrement la mesure de la chanson.

Vivement, à leur rencontre, courait une jolie troïka ; le cocher, d’un air dégagé, leur cria de se garer ; quand il fut à côté des deux