Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/240

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Mais on me montre la surface tout unie de l’étang que frôle, par moments, le vent qui passe. Je n’arrive pas à comprendre comment il s’est noyé. L’eau s’est refermée sur lui, aussi uniforme, aussi belle, aussi indifférente, et toute pailletée d’étincelles d’or par le soleil de midi. Et il me semble que je ne peux rien faire, que je n’étonnerai personne, d’autant plus que je nage mal et que le moujik retire déjà sa chemise pour se précipiter.

Tous le regardent avec un espoir mêlé d’angoisse ; mais, à peine entré dans l’eau jusqu’aux épaules, le moujik s’en retourne lentement et remet sa chemise, il ne sait pas nager.

Les gens ne cessent d’accourir ; la foule augmente de plus en plus, mais personne ne vient au secours du noyé. Les derniers arrivés prodiguent des conseils, poussent des ah ! portent sur leur visage une expression d’effroi