Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/246

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Je me rappelle comment le soleil ardent et clair brûlait la terre sèche et poudroyante sous les pieds, comment il se jouait sur le miroir de l’étang. De grandes carpes se battaient près du bord ; au milieu, des bandes de petits poissons agitaient la surface de l’eau ; en haut, tout en haut dans le ciel, un milan tournoyait au-dessus de canards qui clapotaient et s’ébattaient dans les joncs. Des nuages blancs, des nuages échevelés d’orage se massaient à l’horizon ; la vase ramenée sur le bord par le filet s’écoulait goutte à goutte. Et de nouveau j’entends les coups de battoir qui s’égrènent au loin sur l’étang.

Mais ce battoir retentit comme retentiraient deux battoirs accordés dans une tierce, et ces sons me tourmentent, m’oppressent, d’autant plus que ce battoir est une cloche, et que Fédor Philippitch ne le fera pas taire. Et ce bat-