Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sent vigoureux, la route à chaque pas devenait de plus en plus pénible ; et on pouvait remarquer qu’ils couraient avec moins d’entrain. Il fallait déjà user du fouet, et le korennaïa, un fort et grand cheval, à la crinière dure, avait déjà butté deux fois : aussitôt, comme effrayé, il avait tiré en avant en relevant sa tête échevelée presqu’au niveau de la clochette. Le pristiajnaïa de droite, que j’observais involontairement, tout en balançant la longue houppe en cuir de son avaloire, ne tendait plus les traits, il réclamait le knout ; mais comme un bon, comme un ardent cheval qu’il était, il semblait se dépiter de sa faiblesse : il baissait et relevait la tête avec colère, comme pour demander le stimulant de la bride.

De fait, l’intensité de la gelée et la violence de la tourmente vont s’accroissant terriblement. Les chevaux mollissent, la route se fait