Page:Tolstoï - Qu’est-ce que la religion.djvu/13

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lant pas de ses besoins directs, immédiats, mais duquel dépendent certaines conséquences. Il en va autrement de l’homme. La différence entre l’homme et l’animal est en ce que les capacités intellectuelles de l’animal se bornent à ce que nous appelons l’instinct, tandis que la principale faculté intellectuelle de l’homme, c’est la raison. L’abeille qui cherche sa nourriture ne peut avoir aucun doute sur le point de savoir s’il est bien ou mal de la trouver. Mais l’homme, en ne cueillant la moisson ou les fruits, ne peut pas ne pas se demander s’il ne détruit pas pour l’avenir la croissance du blé ou des fruits ? ou si par cette récolte il n’enlève pas, la nourriture nécessaire à son prochain ? Il ne peut pas non plus se dispenser de songer à ce qu’il adviendra de ses enfants, qu’il élève, etc. Les questions les plus importantes de la conduite de la vie ne peuvent pas, pour un homme intelligent, être résolues définitivement et exactement à cause du grand nombre de conséquences qu’il lui est impossible de ne pas remarquer. Tout homme intelligent, s’il ne le sait pas, sent que dans les questions les plus importantes de la vie il ne peut se guider ni par l’impulsion spontanée de ses sentiments, ni par des considérations sur les résultats les plus proches de son activité, parce qu’il les voit en trop grand nombre et souvent contradictoires ; c’est-à-dire qu’il voit