Page:Tolstoï - Qu’est-ce que la religion.djvu/17

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sorte que lui, étant sous la dépendance des représentants de l’infini — des dieux — devait leur être agréable. Le Brahme comprenait ainsi son rapport envers l’infini Brahma : il est la manifestation de ce Brahma, et il doit, par l’abdication de sa vie, aspirer à se confondre avec cet être supérieur. Le Bouddhiste comprenait et comprend ainsi son rapport envers l’infini : en passant d’une forme de la vie dans l’autre, il doit souffrir inévitablement ; les souffrances proviennent des passions et des désirs, il doit donc aspirer à la destruction de tous les désirs et passions, et à son passage au Nirvâna. Chaque religion est ce qui établit le rapport de l’homme envers l’existence infinie à laquelle il se sent attaché et d’où il tire le guide de son activité. C’est pourquoi, si la religion n’établit pas le rapport de l’homme envers l’infini, comme l’idolâtrie ou la magie, par exemple, ce n’est déjà pas une religion mais seulement sa dégénérescence. Si la religion, bien qu’établissant le rapport de l’homme envers Dieu, l’établit par des affirmations ne concordant pas avec la raison et le savoir actuel des hommes, en sorte que l’homme ne peut croire en ces affirmations, ce n’est pas non plus une religion, mais un semblant de religion. Si la religion ne lie pas la vie de l’homme avec l’existence infinie, ce n’est pas non plus une religion. De même ce n’est