Page:Tolstoï - Qu’est-ce que la religion.djvu/28

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bilité non seulement à une certaine lettre, mais aussi à une certaine réunion d’hommes qu’on appelle l’Église et qui a le droit de transmettre cette impeccabilité aux hommes qu’elle choisit.

On a inventé un petit supplément aux évangiles, à savoir que le Christ, en montant au ciel, a transmis à certaines personnes le droit exclusif, non seulement d’enseigner aux hommes la vérité divine (selon la lettre du verset de l’évangile, il a transmis en outre le droit dont on ne jouit pas ordinairement, de n’être pas mordu par les serpents, d’être rebelle à tous les poisons et au feu), mais aussi de sauver ou non des hommes et principalement de transmettre ce droit à d’autres hommes. Et dès que la conception de l’Église fut fermement établie, alors tous les principes évangéliques devinrent inefficaces à en empêcher l’altération puisque l’Église était supérieure à la raison et aux écrits tenus pour sacrés. La raison était reconnue comme une source d’erreurs et l’évangile interprété non comme le demande le bon sens mais comme le voulaient ceux qui composaient l’Église.

C’est pourquoi les trois anciens moyens d’altération de la religion : le sacerdoce, les miracles, l’impeccabilité des Écritures, étaient aussi admis dans toute leur force, par le christianisme. Il reconnais-