Page:Tolstoï - Qu’est-ce que la religion.djvu/32

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buées faussement à Paul, ils imaginent qu’ils ont la foi. La foi, selon cette définition, c’est la réalisation (ὑπόστασις) de l’attendu et la certitude (ἔλεγχος) en l’invisible. Mais sans parler déjà que la foi ne peut être la réalisation de l’attendu, puisque la foi c’est un état d’âme et que la réalisation de l’attendu est un fait extérieur, la foi n’est pas non plus la certitude de l’invisible puisque cette certitude, comme il est expliqué plus loin, est basée sur la confiance au témoignage de la vérité ; et la confiance et la foi sont deux conceptions différentes. La foi n’est ni l’espoir ni la confiance, c’est un état d’âme particulier. La foi, pour l’homme, c’est la conscience d’avoir dans le monde telle situation qui l’oblige à certains actes. L’homme agit selon sa foi, non parce que, comme il est dit dans le catéchisme, il croit dans l’invisible comme dans le visible, et non parce qu’il espère recevoir l’attendu, mais seulement parce qu’en définissant sa situation dans le monde, il agit naturellement en accord avec cette situation. De sorte que le cultivateur laboure la terre, le navigateur s’aventure sur la mer, non parce que, comme il est dit dans le catéchisme, l’un et l’autre croient dans l’invisible ou espèrent recevoir une récompense de leur activité (cette espérance existe, mais ce n’est pas elle qui les guide), mais parce qu’ils croient que cette activité est leur